La newsletter Biocoop

Restez informé de nos promotions, actualités et événements en magasin

inscrivez-vous
04 66 39 81 20
logo Biocoop
Biocoop Mère Nature
Mes courses en ligne

Christian Rémésy : La nutriécologie, science d'avenir

Christian Rémésy : La nutriécologie, science d'avenir

Le 20/08/2020

Ce chercheur nutritionniste, fils de paysan, reste marqué par son enfance, où l’alimentation était directement et entièrement liée à la nature. Fort de cette expérience, des travaux qu’il a menés durant sa carrière, et s’appuyant sur les régimes alimentaires traditionnels et les progrès scientifiques en nutrition, il propose dans un livre accessible à tous, La Nutriécologie, le seul futur alimentaire possible, une approche de la nutrition qui préserve la santé humaine et l’environnement.
Retrouvez notre Série d’été dans la rubrique Actualités de Biocoop.fr pour éclairer le monde d’après à bâtir ensemble.

Ce chercheur nutritionniste, fils de paysan, reste marqué par son enfance, où l’alimentation était directement et entièrement liée à la nature. Fort de cette expérience, des travaux qu’il a menés durant sa carrière, et s’appuyant sur les régimes alimentaires traditionnels et les progrès scientifiques en nutrition, il propose dans un livre accessible à tous, La Nutriécologie, le seul futur alimentaire possible, une approche de la nutrition qui préserve la santé humaine et l’environnement.

Christian Rémésy ©Bénédicte Govaert

Comment définissez-vous la « nutriécologie » ?

C’est un concept global tourné vers la communauté d’intérêts entre la planète et ses habitants. Il désigne l’ensemble des initiatives et des politiques à mener pour avoir une chaîne alimentaire plus durable. Puisque l’agroécologie* se limite aux systèmes agraires, il fallait élargir sa démarche à la nutrition pour aboutir à une gestion par l’alimentation de la santé et de l’écologie. Jusqu’à maintenant, le discours nutritionnel était centré plus sur l’agroalimentaire que l’agriculture, comme si la santé commençait au supermarché !

* Système agricole, avec une approche pluridisciplinaire, qui considère la ferme dans son ensemble et s’appuie sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes présents. Pas systématiquement bio.

Quels en sont les grands principes ?

D’abord, la consommation d’une grande biodiversité végétale, impliquant l’ensemble des produits végétaux. En manger dix par jour est tout à fait réalisable. Après des crudités très diversifiées, le plat principal devrait avoir une composition ternaire : des légumes, un féculent (céréales, pomme de terre, légumes secs…) et un produit animal. Ensuite, une consommation de produits animaux limitée. Nous devons adopter un comportement éco-végétarien, c’est-à-dire maîtriser la part des calories animales de notre régime. On peut très bien ne consommer qu’une ou deux portions de produits d’origine animale par jour.

Votre livre revient aussi sur les produits transformés…

Le troisième principe concerne la préservation de la complexité naturelle des aliments, qui doivent subir seulement de bonnes transformations, en évitant raffinage inutile et abus de calories vides (sucres, gras…). Mieux vaut des huiles vierges plutôt que raffinées, du pain bis plutôt que blanc, etc. De ce côté, l’offre bio est excellente. Mais elle doit limiter les produits ultratransformés** qui, consommés trop souvent, peuvent générer des problèmes métaboliques graves.

** A retrouver dans notre Culturesbio n° 110 et écouter le podcast "Plus belle la bio" sur l’ultratransformation.

Quel modèle agricole serait privilégié ?

Il s’agit de faire la synthèse entre l’agriculture biologique et l’agroécologie pour développer un mode de production optimal, avec des sols très vivants pour permettre à la plante de s’épanouir. Si l’on veut manger un poulet, il faut accepter qu’il ait sa propre vie de poulet, son territoire, suffisamment d’espace à gratter. Ceci revient à abandonner l’agriculture productiviste et à exclure les élevages industriels. On peut nourrir le monde avec l’agriculture biologique à condition que l’on diminue notre consommation de viande. L’élevage est coûteux sur bien des plans, notamment en céréales. En conventionnel, la majeure partie va à l’élevage alors qu’elles sont indispensables pour nourrir l’humanité. C’est aux consommateurs d’ajuster leur comportement alimentaire pour permettre cette évolution.

Justement, vous proposez une charte de la nutriécologie qui mobilise citoyens, agriculteurs, pouvoirs publics…

Elle responsabilise tous les acteurs, rappelle leurs devoirs et droits. L’industrie agroalimentaire, par exemple, peut mettre sur le marché le plus nul des aliments pourvu qu’il soit conforme sur le plan toxicologique – si l’on ne regarde pas de trop près certains contaminants, pesticides, emballages, additifs douteux… – et sur le plan de l’étiquetage. La qualité nutritionnelle n’est pas obligatoire. C’est une absurdité ! Si un aliment ne fait pas du bien, il n’y a pas de raison de le produire, ou de ne pas le taxer. Nous devons imaginer un code de bonne transformation et l’obligation pour les industriels de s’y tenir.

Améliorer la qualité de l’alimentation est un combat que vous menez depuis longtemps. Les choses n’évoluent-elles pas ?

La société s’interroge, des voix s’élèvent. Mais il n’y a pas de recommandations officielles suffisamment claires pour prôner la diminution de la consommation de produits animaux, y compris laitiers, ou dénoncer le scandale des produits ultratransformés. Le poids des lobbies est considérable et le système alimentaire dominant évolue très lentement. Chacun doit comprendre que notre comportement alimentaire doit être en harmonie avec le monde vivant dont nous faisons partie. Il en va de notre santé et de celle de la planète.

Photo de Christian Rémésy ©P.Massacret

Si vous étiez...


Une plante ?

Une région ?

Le tournesol, il aime le soleil. C’est rare pour une plante d’être à ce point sensible à la lumière.

La Provence me plaît beaucoup. Le soleil toujours…

Une qualité ?

Une époque ?

La constance. Pour être paysan, pour écrire un livre, pour aller jusqu’au bout de ce qu’on peut donner soi-même, il faut beaucoup de constance.

Mai 68 ! J’en ai été un peu privé parce que j’étais à l’étranger. Mais j’avais ressenti profondément l’envie que la société bouge. J’ai encore envie de la faire bouger.

Une friandise ?

Les deux carreaux de chocolat noir que j’aime manger le soir.


 

Bio express :

• Issu du monde paysan, originaire du sud-ouest de la France, Christian Rémésy a choisi de faire une carrière scientifique à l’Inra. Il est titulaire d'un doctorat d’État en nutrition obtenu en 1983.

• Jusqu’en 2007, il est Directeur de recherche en nutrition humaine à l’Inra de Clermont-Ferrand

(63). Ses travaux portent notamment sur la biodisponibilité des micronutriments, le rôle protecteur des fruits et légumes sur la santé ou encore sur le pain. Il préconise de le faire avec un mélange de céréales peu raffinées et de légumes secs.

• Il est l’auteur de nombreux articles dans des revues scientifiques internationales ou de vulgarisation. Et de plusieurs livres dont L’alimentation durable pour la santé de l’homme et de la planète (Éd. Odile Jacob) et, cette année, La Nutriécologie, le seul futur alimentaire possible (Éd. Thierry Souccar) qui propose « une nouvelle ère alimentaire ».

Retrouvez l’invité Christian Rémésy dans notre n°111 de CULTURESBIO, le magazine de Biocoop, distribué gratuitement dans les magasins du réseau, dans la limite des stocks disponibles, ou à télécharger sur le site de Biocoop.

Retour